Activités Bas Carbone en Afrique, Malgré sa Faible Contribution aux Émissions
L’Afrique émet peu de gaz à effet de serre. Elle représente moins de 4 % des émissions mondiales cumulées, bien en deçà des grands émetteurs historiques. Pourtant, le continent est en première ligne face aux effets du changement climatique : sécheresses prolongées, inondations destructrices, insécurité alimentaire, déplacements de populations…
Dans ce contexte, une question légitime se pose : pourquoi promouvoir les activités bas carbone sur un continent qui a si peu contribué au problème ?
Parce que le développement bas carbone est une opportunité, pas une contrainte
La transition énergétique et écologique n’est pas uniquement une affaire de réduction des émissions. Elle représente aussi une chance unique de construire un modèle de développement plus durable, plus résilient et plus souverain. L’Afrique est encore en phase d’expansion démographique, économique et urbaine. Ce moment charnière peut permettre :
- d’éviter de reproduire les erreurs des modèles intensifs en carbone (dépendance aux énergies fossiles, pollution de l’air, embouteillages, infrastructures fragiles…) ;
- d’investir directement dans des solutions modernes et sobres en carbone : énergies renouvelables, mobilité électrique, construction durable, agriculture agroécologique, économie circulaire…
- de créer de l’emploi local dans des secteurs innovants, adaptés aux réalités africaines : mini-réseaux solaires, revalorisation des déchets, bâtiments bioclimatiques, etc.
Parce que le bas carbone rime avec résilience
Dans un contexte où les effets du dérèglement climatique sont déjà visibles, réduire les émissions n’est pas qu’un geste pour la planète : c’est aussi un levier pour améliorer la qualité de vie au quotidien.
Moins de carbone, c’est :
- Moins de pollution de l’air dans les villes
- Moins de dépendance aux importations d’énergies fossiles
- Moins de stress hydrique dans les systèmes agricoles intensifs
- Plus d’autonomie énergétique grâce au solaire, à l’éolien ou à la biomasse
- Plus de sécurité alimentaire grâce à des modèles agricoles résilients
Ainsi, les activités bas carbone contribuent directement à la stabilité, à la santé et à la sécurité des populations.
Parce que les financements et les marchés évoluent
À l’échelle mondiale, les flux financiers se réorientent de plus en plus vers des projets compatibles avec les objectifs climatiques. Les bailleurs internationaux, les banques de développement, les investisseurs privés cherchent à financer des solutions durables. En se positionnant dès aujourd’hui sur le bas carbone, les acteurs africains peuvent :
- accéder à de nouvelles sources de financement (fonds climat, obligations vertes, subventions à l’adaptation…) ;
- se préparer aux évolutions réglementaires mondiales (taxes carbone, exigences de traçabilité, standards environnementaux) ;
- et gagner en compétitivité sur les marchés régionaux et internationaux.
Parce que c’est aussi une question de justice intergénérationnelle
Si l’Afrique a peu émis jusqu’ici, elle est aussi le continent de demain : plus de 2 milliards d’habitants d’ici 2050, dont une majorité de jeunes. Promouvoir une trajectoire bas carbone aujourd’hui, c’est éviter de leur léguer un fardeau climatique, économique et sanitaire. C’est préserver leur droit à un avenir vivable et prospère, dans un monde où les ressources seront plus rares et les impacts du climat plus intenses.
En résumé
L’Afrique n’a pas à porter seule le poids de la transition, mais elle a tout intérêt à faire partie de la solution. Promouvoir les activités bas carbone sur le continent, ce n’est pas céder à une pression extérieure — c’est faire un choix stratégique pour un développement intelligent, résilient et inclusif.