Le risque physique lié au climat, en Afrique
En Afrique, le changement climatique n’est pas un phénomène abstrait ou lointain. Il se manifeste déjà de manière tangible à travers des épisodes climatiques extrêmes, des saisons agricoles de plus en plus imprévisibles, et une pression croissante sur les ressources naturelles. Dans ce contexte, comprendre le risque physique lié au climat n’est pas un luxe : c’est une nécessité pour toute personne ou organisation impliquée dans une activité sur le continent.
Une exposition particulièrement élevée
Le continent africain est parmi les plus exposés aux effets physiques du changement climatique, tout en étant l’un des moins responsables de ses causes. Plusieurs facteurs expliquent cette vulnérabilité :
- Dépendance à la nature : une large part des activités économiques (agriculture, élevage, pêche, tourisme, énergie hydraulique…) repose directement sur les conditions climatiques et les ressources naturelles.
- Faiblesse des infrastructures : routes, réseaux électriques, systèmes de drainage ou bâtiments sont souvent peu adaptés aux événements extrêmes comme les inondations, les tempêtes ou les vagues de chaleur.
- Urbanisation rapide et mal planifiée : les villes se développent souvent sans prise en compte des risques climatiques, exposant des millions de personnes à des habitats précaires dans des zones inondables ou sujettes à des glissements de terrain.
- Accès limité aux ressources d’adaptation : les capacités financières, techniques et institutionnelles pour anticiper et gérer les risques climatiques restent limitées dans de nombreuses régions.
Des impacts concrets sur toutes les activités
L’augmentation des risques physiques liés au climat affecte directement les activités économiques :
- Agriculture : les pluies deviennent plus irrégulières, les sécheresses plus longues, compromettant les récoltes, la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs.
- Industrie et logistique : les chaînes d’approvisionnement peuvent être perturbées par des inondations ou la détérioration d’infrastructures. Le coût de production augmente lorsqu’il faut compenser des interruptions ou des pertes.
- Services : les entreprises de services, y compris dans le numérique, dépendent de réseaux électriques et de télécommunications stables — souvent fragilisés par les événements climatiques extrêmes.
- Santé et sécurité : les vagues de chaleur, les pollutions ou les maladies liées à l’eau touchent la main-d’œuvre, les communautés et augmentent les coûts sociaux pour les organisations.
- Banques : les prêts accordés à des secteurs exposés (agriculture, immobilier, infrastructures) sont à risque en cas de sinistre climatique. Une sécheresse peut compromettre le remboursement d’un crédit agricole ; une inondation peut ruiner un bien immobilier pris en garantie. La gestion du risque de crédit passe désormais par l’intégration des dimensions climatiques.
- Assurances : les assureurs sont en première ligne. L’intensification des sinistres (dommages aux bâtiments, pertes agricoles, catastrophes naturelles) met en tension les modèles économiques traditionnels. Dans certaines régions, certains types de risques deviennent difficilement assurables. Cela pousse à développer de nouveaux produits (micro-assurance, assurance paramétrique) adaptés aux réalités climatiques africaines.
- Stabilité financière globale : l’accumulation de pertes liées au climat peut fragiliser l’ensemble du système financier local, surtout dans les économies où les mécanismes de mutualisation sont encore peu développés.
Un enjeu de résilience et de continuité
Ne pas intégrer les risques physiques liés au climat dans la réflexion stratégique ou opérationnelle expose les activités à de nombreuses incertitudes : pertes financières, arrêts de production, migrations forcées, conflits d’usage sur les ressources, etc.
À l’inverse, prendre en compte ces risques, c’est poser les bases d’une activité plus résiliente et durable. Cela permet :
- d’identifier les points de vulnérabilité ;
- de planifier des mesures d’adaptation réalistes ;
- de protéger les investissements sur le long terme ;
- et de renforcer la confiance des parties prenantes (partenaires, clients, collectivités, etc.).
Une opportunité d’innovation locale
Enfin, aborder le risque climatique, ce n’est pas seulement prévenir des menaces. C’est aussi une opportunité de repenser les modèles, d’innover localement, d’investir dans des solutions adaptées au contexte africain : agriculture intelligente, énergies renouvelables, bâtiments climato-résilients, systèmes d’alerte communautaires…
En ce sens, le risque physique devient un levier de transformation — à condition de le comprendre, de l’anticiper et de l’intégrer dans les décisions.